L‘ingénieur Marcel Riffard, est un des grands noms de l’aviation et de l’automobile

Il leur a consacré à toutes deux sa vie entière et il fit, dans ces deux domaines, une longue et extraordinaire carrière remplie d’inventions qui ont marqué l’époque, en particulier dans l’art et la science de l’aérodynamique, un constant fil rouge chez Panhard d’après-guerre.

Déjà en 1907, avant de partir au régiment, il avait conçu une curieuse maquette volante qu’il réalisa et fit voler plus tard, quand il rentra en 1917 aux usines de pneumatiques Sanson.

IL s’agissait d’un modèle réduit d’avion dont l’hélice propulsive, placée à l’arrière, était entraînée par un moteur au sol grâce à un câble souple de 3 mètres de rayon et qui tournait à 66 km/h en vol circulaire.

Avant de s’occuper d’automobile, Marcel Riffard fit une carrière fulgurante dans l’aviation.

De 1917 à 1923, il fut ingénieur aux usines d’aviation Bréguet à Villacoublay où Clemenceau l’avait fait rappeler en pleine guerre.

Il passa ensuite chez Lioré et Olivier, aux avions Marcel Bloch (devenus les avions Marcel Dassault après la dernière guerre) et il était chez Caudron lorsque Louis Renault reprit l’entreprise en difficulté.

Il fut, de 1932 à 1940, ingénieur en chef et directeur technique du groupe Caudron-Renault.

Pendant les dix années qui précédèrent la guerre, chez Caudron puis Caudron-Renault, Marcel Riffard fit merveille.

Il fut à l’origine une gamme de monoplans modernes : les mono-moteurs Aiglon, Simoun, Rafale et aussi des bimoteurs : Goéland et Typhon, tous propulsés par des moteurs Renault et tous caractérisés par la finesse de leurs lignes.

Ces appareils eurent de multiples usages pour l’entraînement et le tourisme.

L’armée de l’Air utilisa les Simoun et les Goéland.

La compagnie « Air Bleu » créa les premières liaisons postales de nuit avec ces appareils.

Les fameux avions Caudron-Rafale à moteur Renault 4 cylindres inversés, pilotés par Hélène Boucher, Maurice Arnoux, Raymond Delmotte et aussi Michel Detroyat aux U.S.A., accumulèrent, pour la France, de multiples records et dépassèrent les 500 km/h pour la première fois.

Marcel Riffard, toujours élégant, aimait assister, sur l’aérodrome d’Etampes ou aux Douze Heures d’Angers, aux records et aux succès de ses pur-sang, ces beaux Caudron-Rafale, dont il avait participé à la conception mécanique et conçu avec une admirable maîtrise les profils aérodynamiques.

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L’ingénieur Riffard avait le don inné des formes aérodynamiques : il était à la fois ingénieur et artiste.

Il lançait d’abord ses esquisses d’un premier jet puis il affinait ses projets par le calcul.

Il réalisait ensuite les maquettes et passait directement à la construction et aux essais, sans même aller en soufflerie.

Sans quitter l’aviation, ce grand spécialiste de l’aérodynamique qu’était Marcel Riffard fut parmi les premiers à en appliquer les principes à l’automobile qui, dans ce domaine, cherchait sa voie.

Renault avait, en 1934, commencé à abandonner le style « caisse à savon » pour des lignes encore timidement inclinées et fuyantes.

Il fallait plus d’audace… L’impulsion fut donnée par Riffard qui participa à la mise au point des prototypes des modèles « Grand Sport », clous du stand Renault au salon 1934.

Les véhicules produits en série furent quelque peu différents mais ce style nouveau, adopté du haut en bas de gamme fut caractéristique des voitures construites à Billancourt jusqu’à la guerre.

Les brevets déposés par Marcel Riffard dans le domaine aérodynamique furent utilisés par de nombreuses marques d’automobiles ; ainsi mis en application les fruits de ses recherches contribuèrent largement à créer les nouvelles lignes de la voiture moderne.

Plus tard, en 1950, il conçut une carrosserie aérodynamique spéciale pour une petite 4 CV Renault préparée pour les « Mille Milles » avec laquelle Bianchi approcha les 200 km/h. En s’appuyant toujours sur l’expérience acquise dans le domaine de l’aviation Riffard réalisa un prototype Panhard dont la carrosserie profilée était du type « aile d’avion » à profil biconvexe dissymétrique.

En 1953, pilotée par les frères Pierre et Robert Chancel, cette petite voiture de 610 cm’ et d’une puissance fiscale de 3 CV gagna les 24 Heures du Mans à l’indice de performance en parcourant plus de 3.000 km.

La mécanique Panhard de la Riffard de 1953

Vue de profil, elle rappelait incontestablement le fuselage des avions Rafale dont elle avait la ligne et la finesse.

Après la guerre, de 1947 à 1957, Marcel Riffard fut conseiller technique de la Société Rateau où il s’occupa en particulier des turbopropulseurs et des turbo-réacteurs.

Dès 1943, il avait étudié un avion transocéanique stratosphérique de quarante places, équipé de turbopropulseurs.

En 1963, la firme nationale Sud-Aviation eut recours à Marcel Riffard âgé alors de 77 ans.

Ses conseils permirent à un hélicoptère français, le Super Frelon, de battre plusieurs records mondiaux de vitesse.

Il réalisa aussi le « vélo-torpille » et le « vélodyne » en vue de tentatives de records de vitesse.

Il fut sollicité pour rechercher le meilleur carénage d’une motocyclette de compétition et celui d’un skieur.

La précision de ses recherches l’avait conduit à tout prévoir des dizaines d’années à l’avance dans le domaine de l’espace : les missiles, les bases de lancement, les mises de satellites sur orbites, les navettes spatiales et leurs applications…

Il a eu la grande joie de vivre assez longtemps pour voir la réalisation de la plupart de ses idées et de ses projets.

Il décèdera le 9 juillet 1981 à Versailles.

Charly  RAMPAL (Recherche documentaire dans le magazine Pégase et documents perso pour les dessins. Les photos d’époques m’ont été autorisées par Fabrice Bourrigaud responsable du Musée du Mans (ACO) que je remercie (elles ne doivent pas être reproduites.)