LES AUTOBUS PANHARD DE TOULON
UN PEU D’HISTOIRE
A Toulon, les tramways arrivés à bout de souffle après avoir subi d’énormes dégâts suite aux bombardements de 1943 et 1944, sont progressivement remplacés par des trolleybus sur les 4 principales lignes ( 1, 3, 7 et 9).
Ils sont mis en service le 7 mai 1949, cependant que les autres lignes continuent à être desservies par des autobus.
Les tramways s’arrêtent définitivement le 15 avril 1955 puis Les trolleybus disparaissent à leur tour définitivement le 20 février 1973 du paysage toulonnais laissant la place au tout autobus.
Les autobus PANHARD IE 21 K161 type urbain.
Six autobus de ce type furent acquis neufs par la RMTT en 1946-1947.
Ils étaient numérotés de 10 à 15.
Dès réception, un de ces autobus fut transformé en remorqueuse; il fut réformé en 1965 et démoli.
En 1946, le parc autobus est renforcé devant la demande croissante des habitants du Mourillon; aux Berliet PCK 7D s’ajoutent donc des petits autobus Panhard I.E 2lcommandés le 26 juillet . Après l’arrivée des trolleybus en 1949 sur la ligne N’ 3 Gare-Mourillon; les Panhard et les Berliet émigreront vers d’autres lignes.
Cette très rare photo de Jean Capolini le 16/08/1956 à 17 h -montre un bus Panhard portant le N° de parc 10, prise place en bas de l’avenue Vauban, au carrefour avec le Bd de Strasbourg.
Le logo des Tramways Toulonnais ( 2 lettres « T » entrelacés) figure à droite de la calandre du bus La girouette affiche la direction de Ste-Anne, ce qui laisse supposer qu’il s’agit de la ligne N° 12.
La porte arrière avait 2 battants, équipés chacun de petits carreaux ce qui pouvait laisser croire de loin, que c’était une porte à 4 vantaux.
Tous ces autobus ont du être ferraillés vers 1965.
Quelques lignes qui furent desservies par les Panhard IE 21 :
La ligne N 13 : Noël Blache -La Loubière -Siblas fut reprise par la RMTT le 28 octobre 1945 après avoir été exploitée par les autobus Bouchard jusqu’en 1939, elle fut desservie au début par des Panhard.
La ligne N 15 : Place Noël Blache -Le Broussan fut créée par la RMTT juste après la guerre, elle partait de la place Noël Blache et prenait le tronc commun des lignes N 5 ( Dardennes) et N°6 ( Les Routes). A la place Bouzigues ( 4 Chemins des Routes) elle gravissait la route départementale N° 62, passait au hameau des Pomets et après avoir franchi le Col du Corps de Garde, rejoignait Le Broussan à près de 300 m d’altitude.
Les petits autobus Berliet PLB remplacèrent par la suite les Panhard.
Maquette :
Une maquette d’un autocar Panhard IE 24 très proche du type IE 21 qui nous intéresse. Cet autocar est magnifiquement reproduit par MAP (Ateliers Antoine Parédès) réputé pour la qualité et la grande fidélité de ses reproductions.
Le type IE.24 se distingue du IE.21 par une longueur plus importante : 9,70 m contre 8,60 m, un empattement plus long : 5 m au lieu de 4,25 m, une hauteur en charge inférieure : 2,80 m contre 2,90 m; la largeur est par contre identique pour les 2 soit 2,50 m. La capacité du IE.24 est de 50 places contre 45 pour le IE.21.
Historique et technique :
Le car Panhard IE.21 est vraisemblablement sorti vers 1946, il a des caractéristiques communes avec le camion Panhard Movic. Un dépliant de l’époque, un schéma du car Panhard IE.24 montrant la disposition des sièges et de la cabine de conduite.
Les AUTOBUS CHAUSSON APH 47 dit « NEZ DE COCHON »
Ces 3 autocars numérotés de 3 à 5, ont été acquis neufs en 1946 par la Régie Municipale des Tramways Toulonnais (RMTT ou TT en abrégé); ils sont un peu le symbole de la renaissance des transports toulonnais dont le matériel avait particulièrement souffert des bombardements (notamment le réseau de tramways)
A cette époque, les tous nouveaux autocars Chausson de la série AP représentent en quelque sorte le « must » en matière de modernité.
Ils desservaient principalement la ligne N° 11 Noël Blache -Monserrat.
Ces autobus ont eu semble-t-il une carrière de 10 à 11 ans car à priori, en septembre 1958, ils avaient déjà été tous retirés de l’effectif ( selon Jean Capolini) et remplacés par des Chausson APH 52 et des Berliet « PLR.
Les photos des APH -47 de la RMTT sont fort rares et cela mérite d’être souligné.
Cela donne d’autant plus de valeur historique à l’exceptionnelle collection de M. Jean Capolini.
On voit ici le véhicule N°3 stationnant place Noël Blache, le véritable point central du réseau de bus toulonnais, au plein coeur de la ville de Toulon.
Au fond, c’est le boulevard Georges Clemenceau en direction du Champ de Mars et de la Valette. On remarque une espèce de grande flèche blanche en béton portant le mot REX; c’est tout simplement l’enseigne d’une station service.
Sur les photos prises du même endroit, le 19 septembre 1958 soit environ 2 ans plus tard, on peut constater que la marque s’est transformée en OZO, une autre marque de l’époque appartenant à l’Omnium Française des Pétroles mais en fait sur une carte postale datée de 1954, on voit déjà une enseigne OZO ce qui prouve qu’il y a eu quelques changements d’enseignes au fil des années.
La décoration et le style de ces stations services, est tout à fait typique des années 50.
De nos jours, la station existe toujours sous la marque TOTAL. Une autre marque mythique de cette époque; c’était AZUR
Photo Jean Capolini prise le 16/08/1956
-Le même N°3 pris au même endroit, le même jour sous un autre angle avec en arrière plan les immeubles tout neufs de la rue François Fabié.
Deux détails qui frapperont les spécialistes des cars Chausson AP :
-1 l’absence de girouette frontale alors qu’elle était installée de manière standard sur tous les véhicules de ce type comme en témoigne toutes les photos d’époque.
– 2 La position de la porte avant, qui se trouve à l’arrière du passage de roue avant au lieu d’être en face du chauffeur.
– 3 Le pare choc à une seule lame alors que le standard était le pare choc à 2 lames.
Il faut bien regarder les photos des autres modèles pour vérifier ces différences flagrantes.
En fait, cet autobus est configuré exactement comme L’AP 1 de première génération qui n’avait pas encore de capot saillant ( génération antérieure au nez de cochon)
-La photo montre indiscutablement un modèle AP1 (« Symbole technique » dans la nomenclature Chausson, APE étant le « symbole commercial » correspondant au 4 cylindres Panhard à essence pour les 166 premiers cars que Chausson a produits du 9 juin au 19 novembre 1945 : n° de série 15507, 511, 514, 519 à 681).
On relève dans les documents que les véhicules n° série 15630 et 15681 étaient les prototypes APH (diesel 4HL) et AH (6 cylindres Hotchkiss essence). Deux hypothèses existent alors pour le véhicule photographié en 1956 :
– soit il s’agit de l’un de ces 2 prototypes équipés d’origine d’un capot « nez de cochon » (au moins pour pouvoir loger le 6 cylindres Hotchkiss)
– soit il s’agit de l’un des 166 APE que son nième propriétaire (11 ans après sa sortie d’usine, ce car a certainement connu plusieurs propriétaires !) a ultérieurement diésélisé (une pratique courante à l’époque).
De l’avis général : il s’agirait un car APE devenu un bus APH, sachant que les transformations suivantes ont été faciles à réaliser :
– remplacer un Panhard à essence par un diesel
– remplacer deux portes battantes par des portes pliantes – installer un pare-chocs visiblement « hors série » – et même, en observant bien la photo, remplacer la flèche indicatrice de direction par un feu clignotant à l’avant. »
Photo parue dans Charge Utile
-Il s’agit d’un ancien autobus APH 2-50 du réseau de Nantes préservé et magnifiquement restauré par l’association Auto-Rétro Nantes Océan (Arno)
– Le poste de conduite d’un Nez de Cochon comme si vous étiez :
Spartiate et dépouillé au possible.
A part le compteur de vitesse, pas grand chose comme instruments de mesures pour agrémenter le tableau de bord.
Remarquer bien évidemment le capot de protection du moteur qui fait une énorme protubérance juste à côté du chauffeur.
Bruit de moteur, vibrations, chaleur, odeurs d’huile brûlée et de gazole étaient caractéristiques de ce type de véhicule. L’ancêtre du car Chausson APH 47 est l’ AP 1 né pendant la guerre en 1942 lui-même suivi de L’AP 2 à partir de novembre 1945.
Ce dernier se voit équipé d’une porte pliante à 2 battants l’avant, déplacée dans le porte-à-faux avant, ce qui améliore considérablement l’exploitation commerciale car les passagers montent directement face au conducteur.
La commande des portes se fait par air comprimé. les AP2 (regroupant les APE, APH et AH) sont produits à 63 unités jusqu’en mars 1946.
Ensuite, l’AP3 va lui succéder avec un grand succès; c’est ce modèle qui va vraiment vulgariser l’image de l’autocar à « nez de cochon « ( 2856 véhicules seront produits jusqu’en octobre 1949)
Chausson battra ces années là, des records de production (1075 autocars sortis d’usine en 1948 soit 29 % de la production nationale de véhicules de transport en commun)
En terme de motorisation, Chausson offre aux transporteurs 2 motorisations possibles.
Pour le car type AH, le moteur 6 cylindres à essence Hotchkiss 6L6 de 105 CV et pour le car type APH, le moteur diesel Panhard 4HL à 4 cylindres de 85 CV et 5,7 litres de cylindrée.
L’installation du moteur Hotckiss plus encombrant avec ses 6 cylindres, obligea Chausson à créer un petit capot proéminent sur la face avant du modèle AH.
Rapidement, on l’affubla de l’appellation amusante de ‘Nez de cochon ».
Ce capot se généralisera aux autres modèles APE et APH par souci de standardisation de la production donc d’économie.
L’APH est renommé APH 1 avec le type de moteur 85 CV et APH 2 s’il est motorisé avec le Panhard 4 HL de 110 CV et 6,8 litres de cylindrée.
L’ABH quant à lui est propulse par un 6 cylindres diesel de 80 CV du constructeur américain Buda; ce type de car aura une diffusion très limitée.
Certains documents techniques du constructeur mentionnent ces 4 modèles sous les références AH 47, APH 1-47, APH 2-47 et ABH 47.
En octobre 1949, l’AP 48 avec sa variante I’ASH ( motorisation Somua) succèdera à l’AP 3 puis viendra l’AP 52 en avril 52 , modèle caractérisé par la perte de son nez de cochon.
Seuls 5 AP nez de cochon auraient été préservés de la destruction, en voici deux :
II s’agit d’un ancien autobus APH 2-50 du réseau de Nantes préservé et magnifiquement restauré par l’association Auto-Rétro Nantes Océan (Arno) -Admirer au passage les réclames d’époque peintes sur les retombées de toiture (une marque de meubles) et les affiches sur les panneaux latéraux (pour une marque d’apéritifs)
Photo Roland Le Corff prise au musée de I’AMTUIR
– un magnifique spécimen sauvegardé d’APH 2-50 datant de 1951; il est mû par un moteur diesel Panhard qui a permis à ce véhicule de dépasser le million de kms. C’est un autocar interurbain en version luxe qui appartenait aux VFD (Voies Ferrées du Dauphiné)
-Sa girouette affiche la destination de Montalieu dans l’Isère.
Charly RAMPAL