PANHARD AMD 178
Le coeur de métier de PANHARD a toujours été les engins militaires.
N’en déplaise aux anti-militaristes, il faut se rendre à l’évidence et considérer la marque dans son entité totale, les voitures des particuliers ne représentant que 30% de la production Panhard.
Peu après avoir construit, en 1891, la première automobile à essence de tous les temps, PANHARD s’est trouvé rapidement associé à l’étude et à la fabrication des engins blindés à roues.
Le premier véhicule militaire réalisé par la société PANHARD date de 1899, suivi en 1906 par une voiture rapide de reconnaissance de 24 cv transformée en auto-mitrailleuse par le capitaine GENTY.
Parmi les plus connus qui ont suivi il est permis de citer : la première auto-mitrailleuse AMD 178 étudiée vers les années 1930.
RAPPEL HISTORIQUE
Ce véhicule nous tient particulièrement à coeur, puisqu’il a été imaginé entièrement par un jeune ingénieur de talent qui allait consacrer toute sa vie à PANHARD et lui donner ses plus grands brevets : Louis DELAGARDE.
Et DELAGARDE saura de quoi il parle, puisque en 1914 il se retrouve en Champagne dans la tourelle d’un char Fr RENAULT.
Pour en revenir à l’objet de cet article, le prototype de cette nouvelle auto-mitrailleuse (AMI)) sera terminé en Octobre 1933, il est baptisé 178.
A ce titre, il est bon de se rappeler ce que fut 1AMD 178, fleuron des années 30 / 40. Le plan de 1931 de mécanisation de la Cavalerie française, prévoyait la réalisation d’une automitrailleuse de découverte (AMD) pour la reconnaissance de longue portée.
Les spécifications de cet engin furent émises le 9 décembre 1932 : un poids d’environ 4 tonnes, une autonomie de 400 km, une vitesse maximum de 70 km/h, une vitesse de croisière de 40 km/h, un demi-tour sur 12 m et un armement composé d’un canon de 20 mm et d’une mitrailleuse de 7.5 mm.
En 1933, la firme Panhard est parmi d’autres concurrents chargée de construire un prototype. Ce dernier est finalisé en octobre et fut présenté sous le nom de Panhard 178 à la Commission de Vincennes au mois de janvier 1934. Cependant la tourelle pré vue n’étant pas encore prête, cet engin était doté d’une tourelle des ateliers de Vincennes armée d’une mitrailleuse de 13.2mm.
Les tests effectués entre le 9 janvier et le 2 février 1934 impressionnèrent l’armée française, bien que le Panhard dépassait largement les dimensions et le poids spécifiés au départ (quelques modifications furent donc exigées par les militaires français).
Durant l’automne 1934, la Cavalerie française teste également le prototype de Panhard.
A la fin de l’année, une première commande de 30 exemplaires fut donnée à Panhard. L’engin fut officiellement désigné AMD Panhard Modèle 1935.
A cette époque le prototype avait enfin reçu sa tourelle APX3.
Cependant la fiabilité du véhicule fut plusieurs fois contestée et après un nouveau test entre le 29 juin et le 2 décembre 1937, plusieurs modifications furent encore apportées.
A la date du 1er décembre 1939,219 Panhard 178 avaient été livré à l’armée française avant la défaite de juin 1940, 570 exemplaires de cette automitrailleuse avaient été produits.
L’AMD Panhard 178, véhicule de reconnaissance à longue portée, était assez petit, il mesurait seulement en longueur 4.79m, en largeur 2.01m et en hauteur 231m.
Le compartiment moteur à l’arrière qui accueillait un Panhard ISK4 V4 de 110 cv était assez bas et permettait facilement de reconnaître le véhicule.
La large tourelle APX3 avec son blindage (boulonné) allant de 7 à 26mm faisait grimper fortement le poids de l’engin qui pesait 8.2 tonnes.
Le Panhard 178 gardait cependant une excellente mobilité pour cette période avec une vitesse maximale de 72.6 km/h, une autonomie pratique de 300 km (qui lui permettaient les 145 L d’essence embarqués).
Il pouvait traverser des plans d’eau de 60cm de profondeur et des coupes franches de 60cm de large, et pouvait surmonter un obstacle vertical de 60cm de haut.
En cas d’urgence le contrôle du véhicule pouvait être confié à l’assistant-pilote à l’arrière du véhicule ce qui permettait de fuir en sens inverse’ sans devoir faire de demi-tour hasardeux.
L’assistant pilote faisait aussi office d’opérateur-radio dans les véhicules de commandement des pelotons et des escadrons.
La large tourelle APX3 pouvait accueillir deux hommes d’équipage, pivotait grâce à un système électrique.
Elle était dotée d’un panier de tourelle rudimentaire et d’équipements de vision suffisants: deux périscopes par hommes et des épiscopes PPL.RX.168.
Durant la campagne de France, les Panhard 178 furent utilisés par les unités de reconnaissance des forces mécanisées et motorisées de l’arme française.
Les trois divisions blindées de la Cavalerie ainsi que les divisions légères mécanisées (DLM) possédaient un effectif organique de 40 Panhard 178, complété par 4 véhicules radio et une réserve organique de 4 véhicules.
Les divisions légères de Cavalerie (mécanisées ou non) possédaient un escadron de 12 véhicules de combat, 12 véhicules radio et deux véhicules de réserve, au sein de leur Régiment d’Auto-mitrailleuses (RAM).
L’infanterie française utilisa également le Panhard 178 au sein des GRDI ou des groupes de reconnaissance des divisions d’infanterie et d’Infanterie mécanisée (ter GRDI de la 5me DIM, 2me GRDI de la 9me DIM, 3me GRDI de la 12me DIM, 5me GRDI de la 25me DIM, 6me GRDI de la 3me DIM et le 7me GRDI de la lre DIM).
L’organisation était sensiblement la même que pour les DLC.
Durant la campagne de mai-juin 1940, plusieurs unités ad-hoc furent constituées en urgence (le 32me GRDI de la 46e DI régulière possédait 5 Panhard 178).
La 4me DCR et la division blindée de l’infanterie réunis à la hâte en mai, obtiendront 43 Panhard 178.
Les DLM utilisaient leurs véhicules pour des missions de reconnaissance stratégique.
Par exemple les Panhard 178 de la 1ère DLM opérèrent loin devant le corps de la division durant la bataille des Pays-Bas. Les Panhard 178 se comportèrent honorablement face à l’avance allemande retardant souvent l’avance des auto-mitrailleuses allemandes comme à Hannut (la plus grande bataille de blindés de la campagne).
Les automitrailleuses allemandes étaient en général au maximum armées d’un canon de 20mm insuffisant face aux Panhard 178.
Les Allemands reconnaissant la valeur de ces véhicules incorporèrent après la défaite française, 190 exemplaires capturés dans leurs unités de reconnaissance sous le nom de Panzerspàhwagen P204.
107 furent perdus durant Barbarossa en 1941 Conversions Quatre Panhard 178 furent dotés de tourelles APX5 (montées également sur l’AMR-35 ZT2) furent utilisés en Indochine et au Vietnam.
Il a aussi été utilisé sur des rails
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
Le moteur longitudinal est situé à l’arrière droit : c’est un 4 cylindres type ISK 4 F 11 bis, sans soupapes (120×140) d’une cylindrée de 6334 cm3. Il développe 105 ch.
La boite, placée au centre possède 4 rapports de route et un deuxième couple démultiplicateur donnant 4 rapports pour « terrain varié », blocage de différentiel sur les deux ponts..
Les 4 roues sont bien entendues motrices.
Pour abaisser le véhicule la démultiplication est dans les roues, ce qui permet de placer les arbres de roues plus bas que les moyeux et autorise des coupla coniques moins grands.
La suspension est composée de ressorts à lames qui passent sous les trompettes du pont.
A l’extrémité des demi-arbres avant, des joints Tracta permettent le braquage des roues directrices et motrices.
Quant à la structure, c’est une caisse blindée fixée à un chassis, participant ainsi à la rigidité de l’ensemble tout en faisant plus léger.
Les ponts sont logés dans des saignées de la plate-forme et ne font donc pas saillie sous la voiture.
Des chenilles seront essayées sans succès.
C’est en 1934 que la Commission de Vincennes homologue cet engin sous l’appellation « AMD Panhard modèle 1935 ».
Il atteint une vitesse de 70 km/h et gravit des pentes de 50%.
Le succès est immédiat et l’armée passe commande.
La production démarre en 1935 effectivement. La caisse de série sera un peu plus effilée que celle du prototype, les portes un peu plus grandes et les ailes un peu plus enveloppantes.
- poids : 8,2 t
- longueur : 4,79 m
- largeur : 2,01 m
- hauteur : 2,31 m
- hauteur caisse : 1,65 m
- garde au sol : 0,40 m
- voie : 1,73 m
- empattement : 3,12 m
- réservoir : 145 L
- dimension roues : 40 X 8
- traction : 4 X 4
- blindage maxi : 20 mm
Performances :
- vitesse maximale sur route : 72 km/h ;
- autonomie : 301 km ;
- obstacle vertical : 0,304 m ;
- pente : 50 %.
QUELQUES DETAILS INTERIEUR
VICTIME DE SON EFFICACITE
En 1939, lorsque la guerre éclate, l’armée a en sa possession 360 AMD 178.
Efficace au combat face aux chars Allemands au printemps 1940, la Wehrmacht s’en souviendra et l’enrôle dans les « SS », ne laissant que 6 mitrailleuses au gouvernement de Vichy.
Ses qualités seront très apprécie par l’occupant.
Beaucoup de Panhard AMD vont mourir ainsi sur le front Russe.
C’est le seul véhicule parmi ceux récupérés qui donnera (hélas) satisfaction à l’armée allemande.
Les véhicules endommagés renvoyés à l’usine pour réparation et Paul PANHARD, au risque de représailles, font volontairement leur remise en état.
Ils réussissent sous le prétexte d’entretenir les Automitrailleuses de l’armée d’Armistice, à envoyer a la barbe de l’occupant, des pièces en zone libre, de quoi réaliser 4 Automitrailleuses destinées à l’armée des résistants dans les Alpes.
UNE RECONNAISSANCE NATIONALE
Après la guerre, l’AMD 178 entame une nouvelle carrière.
A la demande du Général de Gaulle il fera partie de la flotte des Automitrailleuses et sera modernisé.
Les AMD 178 défileront sur les Champs le 14 juillet 1945.
Il sera alors équipé du nouveau 4 cylindre en ligne à soupapes en tête : le fameux 4 HL.
Dès la Libération, la France voulut reprendre le combat aux côtés des Alliés avec du matériel d’origine nationale.
La fabrication des Panhard fut donc relancée, avec un nouveau modèle, l’AMD 178 B, équipé d’une tourelle fabriquée par Fives-Lille et armée d’un canon de 47 mm SA 35, baptisée FL 1.
Cette automitrailleuse, appelée Panhard 178 B, servit en France et dans les territoires d’outre-mer.
Les derniers AMD furent enfin retirés du service en 1960.
A l’origine et pendant bien longtemps, l’ AMD fut un engin de tout premier ordre, très avancé dans sa conception.
La caisse, en assemblage riveté, logeait le chauffeur à l’avant, le chef de bord et le canonnier dans la tourelle et un quatrième homme, le chauffeur arrière, face à l’arrière pour la conduite en direction « six heures ».
LEUR FAIT D’ARME
200 exemplaires seront produits par PANHARD.
Ils équiperont les armées d’Afrique et d’Indochine : 34 véhicules par régiment.
Ils seront utilisés pour la guerre d’Indochine. Quelques unes seront cédées à la Syrie. En 1954 elles serviront à réprimer les émeutes de Damas.
En 1960, elles sont toujours de service au 15ème Escadron Blindé d’Infanterie de Marine à Djibouti.
Mais leur fin est proche. Pour ne pas les ramener en France, elles seront jetées à la mer!
Un seul AMD 178 a survécu : celui qui sera présentée à Rétromobile sur le stand du DCPL : il appartient au Musée de Saumur.
Une Vidéo sur l’AMD 178 pendant la 2ème guerre mondiale :
WW2 Panhard 178 – Panzerspähwagen P204 (f) footage. – YouTube
Charly RAMPAL (Documentation Panhard et Musée de Saumur)