LA DYNA X DECOUVRABLE
Après la deuxième guerre mondiale à la reprise de l’activité automobile reprend ses habitudes de dérivés pour donner à ses berlines un air de cabrio-limousines.
Aujourd’hui, seul Fiat avec sa 500 nous rappelle ce type de carrosserie, perpétuant la tradition des anciennes 500 et 600, car il faut laisser la place à ces chars d’assaut sur 4 roues que sont les SUV.
Cette carrosserie se décline essentiellement sur les voitures d’entrée de gamme, bien des constructeurs l’avaient compris et proposaient une variante découvrable dans leur gamme.
La mode revint après la guerre pendant une dizaine d’années.
LES DECOUVRABLES EN FRANCE (1946-1956)
En France, la découvrable connaît sa véritable apogée pendant cette période.
Simca continue à produire la Cinq puis la Six jusqu’en 1950,
et ajoute à sa gamme une Huit découvrable d’octobre 1946 à octobre 1949.
Citroën n’inscrira jamais de traction découvrable à son catalogue officiel, mais plusieurs carrossiers, tant en France (AEAT ou EDM) qu’à l’étranger (Belgique, Allemagne, Suisse, Pays-Bas) s’en chargeront.
Mais surtout, la firme du Quai de Javel deviendra le constructeur le plus prolifique en la matière avec sa légendaire 2 CV ; toutefois, à partir d’octobre 1957, celle-ci reçoit une porte de malle et une lunette arrière fixe, et ne répond donc plus totalement à la définition de découvrable Ford France se laissera tenter sur la Vedette entre 1953 et 1955,
et Peugeot sort encore quelques 202 découvrables en 1947 et 1948.
La 203 qui lui succède apparaît dès le Salon d’octobre 1949 ;
elle sera produite en série jusqu’à la fin de l’été 1954 (11.514 exemplaires au total).
Enfin, Renault commercialise une vingtaine d’exemplaires de Juvaquatre découvrables à quatre portes à partir de novembre 1945 ; et c’est à nouveau à la SAPRAR que revient l’initiative de la 4 CV découvrable présentée au Salon d’octobre 1948 et fabriquée en petite série jusqu’au mois de juin 1950 ;
La Régie en reprend ensuite la production à son compte jusqu’au mois d’août 1956.
Ce dernier modèle est évidemment la concurrente directe de la Dyna ; il est donc assez instructif de la mettre en parallèle avec elle.
On notera pour l’anecdote que la carrosserie Chapron et la société Rapid Service proposeront chacune une transformation de la Dauphine en découvrable dans les armées 1956-1957, mais cela sans aucun succès.
A l’initiative du même Chapron, une berline Simca Aronde découvrable fut également réalisée vers 1953, mais ce modèle restera le seul de son espèce.
C’est ce qui a incité Panhard à inscrire une telle variante à son catalogue à partir de 1950.
La berline découvrable est aussi l’une des Dyna X les moins connues, et pourtant ce n’est pas la moins agréable à vivre ! Les collectionneurs aujourd’hui l’apprécie : Ici en bicolore :
Ce type de carrosserie aujourd’hui tombé en désuétude permet pourtant de profiter du grand air tout en conservant la commodité de la carrosserie d’une berline, un agrément susceptible d’intéresser un grand nombre d’automobilistes à l’heure des marchés « de niche ».
MAIS AU FAIT, C’EST QUOI UNE DECOUVRABLE ?
La « découvrable » ou « berline découvrable » est essentiellement une carrosserie fermée à deux portes (coach) ou à quatre portes (berline) dont le toit découpé sur la plus grande largeur est remplacé par une capote, et cela sur une zone qui court du sommet du pare-brise à l’amorce de la pointe arrière, au niveau de la ceinture de caisse sous la lunette arrière.
En principe, les montants latéraux et les portières restent identiques aux versions fermées et la lunette arrière est intégrée à la capote.
Sur certains modèles, le montant (au-delà de la porte arrière) subsiste, sur d’autres il disparaît pour être remplacé par la capote.
LA DYNA X DECOUVRABLE VUE PAR PANHARD
La berline découvrable chez Panhard n’est venue à la découvrable qu’avec la Dyna, bien que l’une ou l’autre réalisation de carrossier, aux alentours de 1930, ait pu s’en approcher dans l’esprit, comme le toit ouvrant à Plein ciel » du carrossier Labourdette.
Qu’est-ce qui a poussé Panhard à proposer cette variante à l’époque peu répandue dans la construction automobile française ?
Peut-être la volonté de débaucher quelques clients chez Simca, dont la Cinq puis la Six touchent sans doute un même niveau de clientèle ?
Voire de la 4 CV puisque la découvrable SAPRAR existe depuis le mois d’octobre 1948, bien qu’elle sorte en quantité très réduites…
De toute façon, il existe une volonté d’offrir sur la base du seul modèle existant une gamme extrêmement diversifiée, à la fois dans le choix des carrosseries et des moteurs.
Demandons à Bernard Vermeylen qui a pu fouiller et analyser les archives Panhard quels ont été les débuts de cette transformation.
« L’apparition de la Dyna découvrable s’est faite de façon tout à fait curieuse…
Les quatre premiers exemplaires ont en effet été expédiés chez l’importateur belge en éléments démontés, par groupes de deux : 302.661 et 302.662 le 8 juin 1949, et ensuite, 303.286 et 303.287 le 4 août suivant.
Ces voitures furent rapidement assemblées, puisque l’une d’entre elles participait déjà à un concours d’élégance à Charleroi, au mois de juillet 1949 !
Toutefois, il ne fut pas fait beaucoup de publicité pour ce modèle (la seule jamais trouvée fut faite dans un quotidien par une agence bruxelloise), et ces quatre exemplaires (qui ont hélas disparu corps et biens depuis très longtemps) ne furent suivis d’aucun autre, alors même que cette déclinaison était devenue de série.
Le second acte se joue au Salon de Londres, début octobre 1949, avec la présence d’une Dyna X84 découvrable à conduite à droite sur le stand de la marque.
Cette voiture peinte en vert (châssis n° 303.384) présente encore les caractéristiques extérieures de la Dyna 1949, notamment la grille de calandre en deux parties.
Une présentation qui devient obsolète quelques jours plus tard, lorsque s’ouvre le Salon de Paris, où Panhard dévoile le nouveau visage de la Dyna !
Sur le stand du Grand Palais, les visiteurs peuvent admirer aux côtés du prototype du cabriolet une berline découvrable orange (n° 304.325) !
A l’instar du cabriolet, dont la production ne démarrera qu’au printemps 1950, il s’agit toujours d’une voiture d’avant-série.
Un exemplaire supplémentaire est toutefois encore assemblé aux alentours du Nouvel an 1950 pour être exposé au Salon de Bruxelles (n° 305.664) ; présenté dans une définition Luxe, il est peint en rouge, un ton qualifié de « spécial » par la fiche de débit.
Cette voiture ne restera pas en Belgique ; peu après le Salon, elle est en effet expédiée au Maroc.
La voiture du Salon de Paris sera vendue par le garage Pigeon, agent de la marque à Bordeaux, et celle du Salon de Londres part pour Belfast, en Irlande du Nord !
Cette dernière semble d’ailleurs être la seule survivante des sept voitures de pré-série.
Elle est aujourd’hui en cours de restauration chez un adhérent du club anglais.
La carrière de la berline découvrable démarre progressivement au printemps 1950, en même temps que celle du cabriolet.
Le 10 mars 1950, un exemplaire rouge Merville (n° 306.358) est délivré à l’importateur en Suisse, certainement pour être exposé au Salon de Genève.
En fait, jusqu’en fin d’année 1950, la cadence de production reste extrêmement basse, et très nettement au-dessous de celle du cabriolet : entre dix et vingt voitures par mois, puis une trentaine à partir du mois de novembre.
Dès ce moment, c’est la version 120 (4 CV) qui prend très nettement l’avantage sur la 3 CV, désormais confinée à un rôle de figuration.
A l’instar du cabriolet, mais en proportion moindre, c’est pendant l’année 1951 que sont fabriquées la grande majorité des Dyna découvrables, avec une moyenne de 40 unités mensuelles.
Le pic de production se situe logiquement au cours du printemps et de l’été.
En chiffres absolus, 1951 reste d’ailleurs la meilleure année de production de la petite Dyna toutes versions confondues, mais c’est aussi l’année de la grande vogue des berlines découvrables, avec 3.664 Renault 4CV et environ 3.500 Peugeot 203 ; la Dyna se contente de 507 exemplaires, dont à peine 7,3 % sont des 3 CV.
Malgré le lancement de la version 5 CV en cours d’année, la production de la Dyna chute drastiquement en 1952 ; pour la version découvrable, avec 117 exemplaires, sortis essentiellement entre mars et juillet, c’est carrément d’effondrement qu’il s’agit.
Il semble que l’usine ait constitué un petit stock en vue d’une commercialisation aux beaux jours, mais contrairement aux prévisions, pourtant modestes, rares sont les découvrables à avoir trouvé preneur ; en fin d’année, une vingtaine de voitures, presque uniquement des 4 CV, doivent être remotorisées en 5 CV.
Quelques 5 CV sont encore produites jusqu’à la fin de l’année, et une ultime voiture au mois de janvier 1953.
Le reste des découvrables vendues cette année-là est prélevé sur les stocks d’invendus de 1952…
Au total, la production se situe entre 785 et 790 exemplaires, dont 81 % commercialisés avec la mécanique de 4 CV.
Ce chiffre situe la découvrable à un niveau très faible par rapport aux autres modèles de la gamme il représente à peine plus d’un tiers des cabriolets, et moins de 1,7 % de la totalité des Dyna X tous modèles confondus (Junior et utilitaires compris).
On notera que, de leur côté, les Renault 4CV (2.493 exemplaires) et Peugeot 203 (3.000 exemplaires environ) subissent également une baisse en 1952, mais dans des proportions nettement moindres ; elles s’effondrent toutefois à leur tour en 1953 (362 exemplaires pour la 4 CV et 1.500 environ pour la 203).
Si la découvrable semble rigoureusement identique à la berline, il faut noter une différence importante au niveau du châssis qui reprend celui du cabriolet qui se distingue de la berline, par un renfort en arc de cercle sous le tableau de bord afin d’augmenter la rigidité. Evidemment l’autre différence visible se tient au niveau de son toit en toile et de l’absence de filet chapelière, la Dyna découvrable connaît évidemment les mêmes évolutions techniques et esthétiques.»
L’INTERIEUR
Il est identique aux berlines :
LES TARIFS
Côte tarifs, la découvrable se situe plus près du cabriolet que de la berline ; ainsi, au 1er juillet 1950, elle coûte 492.000 francs en version 3 CV, alors que la berline Luxe est facturée 441.000 francs, et le cabriolet 510.000 francs.
Une addition à majorer des options facultatives et « obligatoires » (comme les baguettes de carrosserie) et à relever de 31.000 francs supplémentaires pour obtenir un moteur 4 CV.
A partir du mois de février 1951, l’antivol Neiman et les enjoliveurs de jantes sont montés sur la quasi-totalité des voitures, tout en étant facturés en sus.
A partir du mois de décembre 1951, c’est le chauffage qui devient une option obligatoire !
A dater du 8 septembre 195, le prix de la berline 3 CV est passé à 609.500 francs, et il faut ajouter 60.000 francs pour avoir le plaisir de rouler en découvrable.
En même temps, le cabriolet Dyna à moteur 5 CV coûte 690.000 francs, soit seulement 5.000 de plus que la découvrable pareillement motorisée.
De son côté, le roadster Junior à moteur 5 CV ne coûte que 585.000 francs, mais il a évidemment une vocation bien différente de celle de la découvrable !
LA CONCURRENCE
Côté concurrence, on note, au mois d’août 1952, qu’il faut débourser 618.560 francs pour une Renault 4 CV Grand Luxe décapotable (et seulement 469.930 francs pour une 4 CV Affaires) et 750.000 francs pour une Peugeot 203 découvrable, situant la Dyna à peu près à mi-chemin entre les deux.
Malgré son gabarit inférieur, la Dyna découvrable offre, en tout cas en version 5 CV, des performances supérieures à celle de la Peugeot, et des qualités de confort et de tenue de route infiniment meilleures.
LES OPTIONS
Les options Les découvrables disposent de la même liste d’options que les berlines ; elles sont livrées, en série, avec une banquette à l’avant comme à l’arrière, et une sellerie en drap.
Les enjoliveurs de jantes, livrables contre supplément, sont montés systématiquement à partir du mois de mars 1951 ; idem pour l’antivol Neiman, que l’on trouve sur toutes les voitures dès le mois de janvier 1951 (exception fait d’un contingent de 20 voitures pour la Suède en mars 1951).
A partir du mois de février 1952, le chauffage est lui aussi monté sur toutes les voitures.
LA DYNA X DECOUVRABLE AUX CONCOURS D’ELEGANCE
Ci-dessous au Casino d’Enghien-les-Bains en 1952
Et à la cascade, au bois de Boulogne.
AUTRES PHOTOS
Et vue de l’arrière
LES MINIATURES
Et celle de ma collection de marque CJM
Charly RAMPAL (Recherche à travers l’histoire des découvrables + Photos mes archives Panhard et compléments informations de B. Vermeylen)