Débarrassé des basses contingences commerciales, examinons dans ses grandes lignes, l’architecture mécanique de cette traction avant produite par la plus ancienne firme française.

CARACTERISTIQUES GENERALES

Le moteur est sur deux cylindres à plat opposés à 4 temps refroidis par air, originalité digne d’attention, ce mécanisme est équipé d’un dispositif hydraulique dit rattrapage de jeu des soupapes

L’ensemble s’alimente à partir d’un carburateur inversé à un seul corps.

 Côté transmission : la boite est à 4 rapports se voulant tous synchronisés (nous verrons plus loin que cette prétention est d’ailleurs extrêmement discutable) tandis que direction est du type à crémaillère.

Quant à la suspension elle revient des roues indépendantes à l’avant assistées par des doubles ressorts, à lames transversaux.

A l’arrière on trouve des barres de torsion.

Quatre amortisseurs télescopiques venant compléter le tout.

Le freinage est confié tant à l’avant qu’à l’arrière à des tambours en alliage léger dont la surface extérieure a été dotée de généreuses ailettes de refroidissement.

Ainsi examinée, nous faisions prendre à la PL 17 par un ciel aussi serein qu’ensoleillé les chemins menant à Montlhéry.

Malheureusement notre essai routier sur long trajet nous conduisant à Monte-Carlo ne devait pas nous permettre de pousser plus avant notre modeste tentative de lyrisme automobile car les orages rencontrés au-delà d’Avignon ayant provoqué de véritables inondations nous mirent en effet dans l’obligation de retrouver rapidement sens des réalités et goût de la mécanique.

Cela pour que la voiture puisse poursuivre des évolutions en la circonstance plus aquatiques que terrestres.

En dehors de ces observations météorologiques, qui sortent d’ailleurs un peu du cadre de notre propos, nous sommes rentrés avec un volumineux relevé d’observations qu’il nous faut maintenant livrer.

MOTEUR

Le dépouillement des chronométrages relevés à Montlhéry devait nous conduire à un étonnement plein de béatitude.

Et si notre surprise fut béate, ce n’est point tellement devant la modestie de la vitesse maximale possible : 121 kmh, ce qui avec une certaine bienveillance peut s’admettre d’un moteur de 850 cc véhiculant 800 kg mais plutôt par les chétives possibilités de cette voiture dans le domaine des accélérations.

Sur ce point il est difficile d’être évasif.

Les accélérations de la PL 17 sont pas dignes d’une 5 CV actuelle et les temps enregistrés lors de la reprise en 4ème à 40 kmh sont venus confirmer cette nette impression de manque de souplesse et de puissance à bas et moyens régimes.

Cette inaptitude du moteur à reprendre dans de telles conditions met ainsi le conducteur dans l’obligation de solliciter la boite de vitesses à chaque instant dans le trafic urbain et impose sur route l’abandon de la 4ème au pied de la moindre rampe.

Voilà donc, sous le seul angle de l’utilisation, quelques problèmes susceptibles de mettre sérieusement à mal l’agrément de conduite.

Les remarques qui suivent viennent d’ailleurs encore grossir le dossier de l’accusation moteur.

Ce dernier vibre assez intensément sur le ralenti et sur les hauts régimes.

Ces vibrations sont d’autant plus gênantes qu’elles envahissent le plancher avant ainsi que la pédale d’accélération en cadençant à bonne mesure cette insuffisance d’équilibrage.

On relève également des trous de carburation assez importants surtout lors de l’ouverture finale du carburateur ainsi qu’une certaine prédisposition à l’auto-allumage.

Reste maintenant quelques observations à ne pas placer sur une autre échelle que celle du détail.

La pédale d’accélération est ferme et mal disposée.

Les très hauts régimes sont générateurs d’un bruit de castagnettes sourd et rythmé.

Dans le domaine de l’accessibilité on est un peu surpris d’avoir à enlever la roue de secours pour compléter le plein d’huile et d’être obligé de « viser » avec soin pour replacer la jauge dans son logement.

Plus inquiétants sont sans doute les signaux d’alarme déclenchés par le voyant de pression d’huile dans les virages à droite alors qu’il ne manque pas la moindre goutte de lubrifiant dans le carter moteur.

Cela dit, sur le plan consommation la modestie des appétits de ce moteur est louable sans la moindre réserve, 6,7 litres aux 100 km à 86.9 kmh, 8,8 litres à 94,2 kmh voilà ici un argument ayant assez de poids pour absorber dans une assez large mesure l’aigreur du plat de remontrances servi en début de chapitre.

TRANSMISSION

Le levier de vitesses est au volant.

Pour que son action sur les rapports de la boite soit efficace et surtout… silencieux, il est nécessaire de ne pas s’énerver durant la prise de contact avec la voiture et surtout d’extérioriser, toute la conviction que l’on peut placer dans les ressources offertes par le double débrayage, double pédalage et autres méthodes qui ne se réservent plus à notre époque, qu’aux transmissions fantaisistes.

L’habitude aidant cette thérapeutique de spécialistes vient donc à bout d’une commande de boite de vitesses manquant de précision dans le guidage des différents rapports.

Cela à un degré tel qu’un utilisateur impulsif ou empressé arrive à faire jouer rapidement à la pignonnerie toute la gamme des craquements et grincements réprouves par une oreille de mécanicien.

Notons encore que cette boite hulule plaintivement sur les trois premiers rapports et laisse au couple conique le soin d’exécuter un solo particulièrement brillant et bruyant en 4ème sous légère accélération.

L’embrayage manque un peu de progressivité en fin de course lorsqu’on le libère trop rapidement.

Cette manœuvre est d’ailleurs à proscrire pour deux raisons : d’abord parce que les cardans n’apprécient pas du tout ces plaisanteries sportives et le font savoir en laissant échapper un claquement sourd.

Ensuite parce que répétées à trop courts intervalles ces sollicitations vigoureuses de l’embrayage installent dans l’habitacle un parfum dont les senteurs évoquent assez bien la proche agonie du disque.

Donc bilan transmission peu convaincant encore qu’il nous faille noter que la 1ère est efficacement synchronisée et que l’étagement est assez judicieux puisque l’on obtient 40 kmh en 1ere, 80 kmh en 2ème. et 110 kmh an 3ème.

DIRECTION

La direction à crémaillère est d’une précision notoire et permet d’évoluer en toute sécurité quelle que soit la vitesse et l’état de la route.

Elle est néanmoins beaucoup trop lourde en virage et beaucoup trop sensible aux variations du couple moteur.

De ce fait elle engendre une fatigue certaine des bras après un long trajet sur un parcours sinueux.

Cette fatigue est, de plus, augmentée par la position du volant dans l’habitacle.

La longueur de cette colonne, dans l’espace réservé au poste de conduite est beaucoup trop importante.

Il reste donc peu de place pour déployer des bras normaux, d’autant que le bras gauche repose sur un accoudoir qui trop important et trop incliné, le bloque littéralement.

C’est dommage car la position dans le siège est bonne et l’inclinaison de sa colonne satisfaisante.

 CONFORT

L’équipement sièges Relmax joint â une suspension efficace conduisent à un confort de marche qu’il est possible de placer immédiatement derrière ce que l’on obtient avec les solutions oléopneumatiques.

Dos d’âne, ornières ou saignées sont avalés moyennant quelques oscillations de tangage sens le moindre sursaut dans le siège et il nous faut ici affirmer qu’en matière de confort la PL 17 appartient certainement et sans réserve à ce qui se fait de mieux en 1964.

TENUE DE ROUTE

Lors de la prise en mains on est un peu surpris qu’en virage la voiture soit aussi sensible aux effets de l’accélération et qu’en particulier elle manifeste une tendance instantanée à s’échapper lorsqu’on coupe les gaz.

Cette caractéristique, propre à toute traction avant, assimilée, on parvient dés lors à faire évoluer la voiture avec une marge de sécurité peu ordinaire d’autant qu’elle est à peu près insensible à la route mouillée et au vent latéral.

Si l’on accepte donc de toujours se trouver en accélération en cours de virage et de déployer une certaine énergie au volant on découvre alors une voiture qui autorise à peu près toutes les fantaisies que la raison ne réprouvent point.

Notons toutefois que les pneus sifflent avec une intensité peu commune.

FREINS

Compte tenu des performances réalisées pour la PL 17 on peut admettre que le freinage dont elle dispose est suffisant en utilisation courante.

Encore nous faut-il noter que la résistance offerte pour la pédale est assez importante, qu’on relève de légères vibrations (surtout à [avant) en fin de freinage à grande vitesse et que la tenue de route à chaud n’est pas exceptionnelle dès que l’on soumet la voiture à une utilisation sportive soutenue.

CARROSSERIE-ACCESSOIRES

Nous l’avons dit, l’équipement Relmax offre en matière de sièges un confort peu habituel tout en conférant un certain chic à l’habitacle.

Le volume disponible aux places avant est fort intéressant.

Il est convenable aux places arrière bien que la garde au toit soit un peu faible.

Le tableau de bord est complet.

Les vide-poches disposés sous celui-ci sont particulièrement intéressants tant au point de vue accessibilité, volume et disposition.

Il serait toutefois bon d’améliorer certains points.

L’ensemble accoudoir-manivelle de lève-glace, commande d’ouverture des portes, est situé dans un périmètre beaucoup trop restreint pour être pratique.

On aimerait rencontrer des aérateurs latéraux sur la planche de bord car le débit offert par les déflecteurs est insuffisant par forte chaleur.

Les accoudoirs de portières sont donc trop hauts, trop importants et surtout trop inclinés.

Le levier d’inclinaison du dossier des sièges avant est difficilement accessible surtout lorsqu’ils sont en position de recul extrême.

Le levier de commande des phares et clignotants n’est pas rationnel : on sollicite les codes en voulant clignoter ou vice et versa.

Le rétroviseur panoramique est intéressant dans la mesure où il reproduit la totalité de la chaussée en largeur mais il est dangereusement trompeur en ce qu’il éloigne considérablement, en profondeur, les voitures qui en fait suivent de très près.

L’ouverture du capot au-dessus du pare-chocs est mal commode pour une petite main et son escamotage est pénible pour un faible bras.

On pourrait ici monter deux éjecteurs.

Pas de possibilité d’ouverture du coffre sans la clef puisqu’il n’y a pas de bouton-poussoir. La place prévue pour les bagages offre par contre un gros intérêt et peu de voitures peuvent ici rivaliser avec la PL 17.

CONCLUSION 

« Dis-moi qui tu es, je te dirai ce que tu dois conduire ».

 Regrettons de ne pouvoir appliquer à la lettre cette boutade, puisque certains élus ont sans doute fait vœu depuis plusieurs années de réduire à l’extermination cet engin de «luxe » qu’est la voiture, regrettons donc d’aller chercher ailleurs que dans le seul agrément de conduite les critères d’achat de l’automobiliste moyen.

Sachant qu’en 1964, il est beaucoup plus facile de personnaliser « le Français qui roule » en se basant plutôt sur son budget que sur ce qu’il attend des vrais plaisirs de la conduite on peut ainsi se résumer :

  • La PL 17 se trouve intégrée, de par sa ‘cylindrée, dans une des catégories fiscalement les plus épargnées (avec tout ce que ce mot peut comporter de relatif en nos frontières)
  • Sa faible consommation d’essence vient, en utilisation, accentuer sa destination de voiture économique;
  • Elle est sur le plan habitabilité (surtout si l’on tient compte du volume de son coffre) la plus grosse des petites voitures françaises
  • Elle est malheureusement aussi moins rapide.
  • Son confort de suspension et tenue de route sont, de plus, dignes d’une vraie routière.

Donc, devant les qualités à l’intérêt aussi évident on peut être surpris que Panhard ait fait voisiner avec un tel contraste le meilleur (points énoncée ci-dessus) avec le pire :

  • Manque de souplesse et de nervosité du moteur dont la puissance est nettement insuffisante pour tracter une voiture de ce poids
  • Toutes choses auxquelles il convient d’ajouter les défaillances relevées au cours de notre essai sur l’embrayage et la boite de vitesses hypothéquant ainsi sérieusement la longévité de la transmission.

Si l’affection de mécanique « pas comme les autres » peut conduire certains è traiter cette voiture avec un ménagement tout particulier, cette catégorie d’utilisateurs, peu enclins à la performance, trouvera en la PL 17 une voiture sobre en consommation et sûre en utilisation.

Quant aux autres, il leur faudra ou se plier aux exigences souvent capricieuses de la voiture ou attendre un groupe moto-propulseur à la hauteur des autres qualités de la PL 17.

Charly RAMPAL       avec mes remerciements au magazine  « L’AUTOMOBILE » (Photos de qualités = Archives perso)