ROMORANTIN-EXPO-PANHARD
Dans le cadre de l’enrichissement du patrimoine de la ville de Romorantin, qui abritait MATRA-Sport, la Municipalité s’est appuyé sur l’anticipation, l’inventivité, les paris industriels et l’audace économique pour rapprocher Panhard de Matra.
Tout l’intérêt de cette exposition reposait sur cette juxtaposition des deux célèbres marques qui donnèrent à la France tant de victoires sportives et de créations à la fois originales et motrices du progrès industriel.
Il s’il fallait trouver une raison supplémentaire, sachez que les D.B. déjà exposées, faisaient la jonction naturelle entre Matra et Panhard.
Matra ayant racheté les automobiles René Bonnet, le lien était tout fait.
Panhard trouvait ainsi sa place naturelle le temps d’une exposition.
Mais fallait-il vraiment des points communs avec Matra pour que cette marque prestigieuse s’impose de telle manière ? « Elle ne vous toise pas, elle vous écrase. Du haut de cette pyramide automobile, sept décennies d’un génie technique inclassable vous contemplent » écrit Denis Dauphin, journaliste de la région, dans son article titré : « Panhard, mémoire et miroir des français. »
Tout est dit.
La doyenne des marques françaises a ouvert la piste.
Rattrapée par la consommation de masse, la chasse aux marges et aux profits, elle s’est retirée du paysage et a disparue de nos routes.
Mais, à travers cette exposition, les visiteurs ont découvert que notre marque est bien à des égards encore vivante, ne serait-ce que par sa branche militaire, hélas officiellement terminée depuis Mai 2023
Cette inauguration s’est faite sous la conduite d’Etienne De Valance qui a été la cheville ouvrière de cette exposition. Sa courtoisie, sa gentillesse, sa disponibilité, son efficacité et sa mémoire infaillible pour tout ce qui touche Panhard, a permis une collaboration étroite et efficace avec la Municipalité.
Le résultat ne s’est pas fait attendre et tous les joyaux de la production étaient présents pour nous permettre de cheminer à travers l’histoire de Panhard.
Ces œuvres d’art ont été prêtées par des collectionneurs qui ont accepté de confier une partie de leur patrimoine.
Devant un nombreux parterre de connaisseurs, dont le maire de Romorantin de cette époque, Jeanny Lorgeoux et de nombreux adjoints et conseillers municipaux, Etienne De Valance a commenté avec moult détails l’exposition mise en place par l’équipe du musée.
Du 21 mai au 31 octobre 2006, l’exposition qui s’étendait sur 400 m2′, nous avons pu voir, des voitures du début du siècle, jusqu’aux 24 CT et BT, en passant par les Dyna, PL 17 et junior, sans oublier les DB et CD de course.
Etienne De Valence a souligné toute l’inventivité, les paris industriels et l’audace économique de la marque installée pendant trois quart de siècle avenue d’Ivry à Paris.
On y trouva également, glissés entre une Pl. 17 et un rutilante 24, des collections complètes de miniatures qui soulignent notamment l’importance de Panhard dans le domaine militaire. Industrie qui perdurait encore jusqu’en 2023 à Marolles en Hurepoix (91).
Panhard, mémoire de l’évolution du moyen de transport préféré des français, avait ainsi fait une entrée remarquée, rue des Capucins, auprès de la collection complète et tout aussi passionnante de Matra.
Cette histoire croisée, véritable mémoire de l’industrie automobile.
Pour m’appuyer encore sur l’authentique, je vous recopie l’article de Denis Dauphin, journaliste local.
« Elle ne vous toise pas, elle vous écrase. Du haut de cette pyramide automobile, sept décennies d’un géode technique inclassable nous contemplent.
Combien de places dans ces flancs évasés ? Six, huit, treize à la douzaine ? Frappé par l’aveuglement du créateur.
René Panhard avait affublé le mastodonte du nom sautillant de « Dynamique ».
Trois litres de cylindrée, six pistons muets et sans soupapes, 75 ch en sortie de boite pour bouger ce carrosse de notaire, capable d’embarquer toute une tribu, bonne, cuisinière et malle d’osier, vers les bains de mer.
Une « performance », assurait la réclame du moment tandis que brûlait l’Espagne et s’agitait le gouvernement du Front populaire.
Livrée ivoire à parements carmin, ce Moloch mécanique posté à l’entrée de l’Espace Automobiles Matra balise une nouvelle et passionnante exposition semestrielle consacrée à l’aventure automobile et industrielle de MM. Panhard & Levassor.
Centraliens et camarades de promotion, les deux ingénieurs, rapidement associés, parient sur l’essor des « voitures à pétrole ».
Fin 1891 une trentaine de phaétons cahotent sur le pavé parisien pour le bonheur (relatif) de quelques privilégiés.
La doyenne des marques françaises ouvre la piste.
La course, émaillée de rebondissements, d’audaces technologiques et de records à poignées, durera 76 ans.
En 1967 attrapée par la consommation de masse, la chasse aux marges et les exigences économiques, l’inimitable maison Panhard rejoindra les soutes de Citroën, une cadette, presque une cousine, aux ambitions insatiables.
1.600 victoires dans l’intervalle signées sur toutes les pistes du monde ont forgé la légende Panhard.
Les dernières, habillées de bleu en ces sixties balbutiantes, doivent autant au crayon fluide de Charles Deutsch, qu’à l’oreille de René Bonnet, mécanicien hors pair : l’un dessine les voiture comme il pose ses ponts fluides dans le paysage des Trente Glorieuses, l’autre affûte les arbres à cames mieux que des scalpels.
Les Panhard gagnent.
Plus tard, sous le signe du losange, le sorcier poursuivra son alchimie mécanique jusqu’à sa rencontre avec un jeune ingénieur avide de gloire et d’épopée automobile : Jean-Luc Lagardère : c’est son nom, entretient deux ou trois idées claires sur le sujet.
René Bonnet apporte le savoir faire, Matra est à portée de main, CQFD.
Anticipation, inventivité, paris industriels et audace économique…
Beaucoup de choses rapprochent la doyenne et la benjamine des marques hexagonales et c’est tout l’intérêt de cette juxtaposition.
La nostalgie y trouve sa part.
On s’émeut face aux gros yeux de la batracienne Dyna. Et la silhouette… spartiate du spider Junior dans sa robe grise, renvoi à quelques glaçantes images de « Brazil ».
Coup d’essai avant la sortie de la PL 17 et son moteur « Tigre ».
La voici en salopette, c’est-à-dire version fourgonnette, prête à tout charger, tout déplacer d’un moulin vaillant et léger.
Dario Moreno roucoule à la radio, les filles portent des couettes et des jupes à carreaux, on sirote du Coca d’Amérique aux terrasses des Champs-Elysées.
En vitrine, sur un prospectus quadrichromie, un gendre parfait, prénommé Patrice sans doute comme dans les films de Claude Saute, installe la marmaille après avoir chargé les valises et un énorme bouquet : Panhard, mémoire et miroir d’une vie à la française. »
DATES, COTES ET CHIFFRES
« Inextinguible, le propos des « Panhardistes » passionnés (pléonasme) crépite de myriades de chiffres où les cadences de production côtoient les chronos en piste.
Où les courbes de puissance au banc moteur et les diagrammes de consommation se mélangent aux grandes dates de cette épopée Industrielle et humaine. Florilège ici.
13.000. Treize mille salariés. C’est au sommet de l’activité, soit entre 1960 et 1965 selon Étienne de Valance qui fut le responsable de la communication du groupe, le volume du personnel Panhard.
A cette époque, les chaînes parisiennes ne produisaient guère plus de 160 véhicules/jour. Douze fois moins, au bas mot, que la concurrence.
Ce flux irriguait un réseau de 200 concessionnaires et agents, répartis « sur la France entière» comme le précisaient les réclames de l’époque 76.
Soixante-seize ans, trois quarts de siècle. C’est l’âge auquel Panhard, doyen des constructeurs français, s’est éteint auprès du grand public. Lancée en 1891 dans les ateliers de l’avenue d’Ivry à Paris, une première série de « trente voitures à pétrole » défriche une voie dans laquelle s’engouffreront bientôt Peugeot, Renault puis Citroën parmi tant d’autres.
En 1967, après avoir traversé deux guerres et quelques péripéties, la marque absorbée par Citroën cesse toute fabrication.
La branche militaire du groupe, exploitant de très nombreux brevets, poursuit ses activités.
Panhard restera toujours un des grands fournisseurs de nos forces armées.
Une partie de l’exposition le met en valeur.
620. – Six cent vingt kilos. C’est le poids, à vide, de la Dyna. Cet étrange et oblong objet pouvait embarquer six personnes (trois à l’avant, autant sur la banquette arrière) jusqu’à des vitesses tutoyant le vertige « 130 km/h! » certifient à la fin des années cinquante nos confrères spécialisés au fil de comptes rendus enthousiastes. Performance remarquable pour un moteur inférieur au litre de cylindrée (850 cm3).
6. Six litres de carburant par cent kilomètres parcourus.
C’est, selon leur constructeur, la consommation moyenne et vérifiée des Dyna dernières générations, puis des PL 17.
Cette sobriété proverbiale, affiliée par d’éloquents résultats en compétition, pourrait valoir aux Panhard aujourd’hui le label écologique.
L’appétit d’oiseau n’excluait pas lè muscle. Dans sa version la plus puissante (CT) le superbe coupé de la série 24 produit jusqu’au milieu des années soixante développe 60 chevaux.
55. Cinquante cinq. C’est le numéro de course de la CD » Bleu France » lauréate, lors des 24 Heures du Mans de 1962, du classement à l’indice de performance.
Prêtée par Étienne de Valance, qui fut directement associé à l’événement, cette très élégante berlinette boucle la présentation romorantinaise.
4.500. – Quatre mille cinq cents euros. C’est la cote inférieure et moyenne d’une PL 17 « en bon état général et roulante » selon l’avis de plusieurs collectionneurs.
Comptez, indiquent les mêmes sources, 7.500 € pour un coupé 24 proposé aux mêmes conditions. »
Charly RAMPAL (Photos Charly RAMPAL)